Édito
L’Orchestre de chambre de Paris est né !
L’orchestre de chambre, c’est avant tout un état d’esprit, une manière de faire de la musique ensemble, une relation différente aux chefs et solistes invités, une proximité, une intimité à partager avec le public.
Pour l’Orchestre de chambre de Paris, s’y ajoute un sens élevé de la responsabilité citoyenne de l’artiste dans sa ville.
Ce nouveau nom va de pair avec l’arrivée de trois personnalités musicales qui forment le coeur de l’équipe artistique de l’orchestre. Bienvenue à Thomas Zehetmair, chef principal, Sir Roger Norrington, premier chef invité et François Leleux, artiste associé ! Aux côtés des 43 musiciens et de leur violon solo Deborah Nemtanu, ces trois artistes incarnent avec talent ce qui fait l’essence de l’orchestre de chambre : ils expriment, ensemble, l’entente intime qui associe tous les artistes dans l’acte de création.
Nouveau nom, nouvelle équipe artistique, mais aussi nouvelle saison qui explore cette année le thème des influences, puisées aux sources des Bach, Haydn, Mozart ou Beethoven. Une saison déclinée autour de l’idée d’orchestre autrement, avec la volonté de proposer des programmes qui se démarquent des rituels parfois convenus du concert. La musique de chambre, le récital côtoient la musique orchestrale… Les artistes y déploient tous leurs talents, toutes leurs facettes ; le chef devient soliste, le soliste chef ou chambriste…
Les frontières traditionnelles s’estompent pour ne laisser place qu’à l’artiste, aux artistes et à la musique. La musique, justement, sort des sentiers battus. Au moment où le théâtre des Champs-Élysées fête ses 100 ans, félicitons-nous de l’audace des programmateurs et de la curiosité d’un public exigeant et critique…
Le Sacre du printemps n’aurait pas existé sans cet appétit de découverte et de création.
Alors découvrons ou redécouvrons les pièces concertantes pour violon de Schubert avec Gidon Kremer, leMiserere d’Hoffmann, la Symphonie n° 1 de Mendelssohn avec Thomas Zehetmair, le Concerto pour piano n° 25 de Mozart avec Emanuel Ax, le Concert champêtre de Poulenc avec Andreas Staier, la Symphonie n° 33de Mozart par Sir Roger Norrington, Athalie de Mendelssohn avec Laurence Equilbey, la Symphonie n° 6 de Schubert, les concertos grosso de Schnittke… Découvrons ou redécouvrons la musique d’aujourd’hui, celle qui se crée sous nos yeux et qui sera, demain, le témoignage de notre temps.
Soyons ambitieux, mais sans dogmatisme ! Ne ménageons pas notre plaisir à jouer et entendre quelques grandes pages du répertoire, depuis l’intégrale des Concertos brandebourgeois de Bach jusqu’auxMétamorphoses de Strauss, en passant par La Création de Haydn, le Requiem de Mozart, les concertos de Beethoven par Stephen Kovacevich ou Aldo Ciccolini, le double de Mozart avec les soeurs Labèque, lesPêcheurs de perles avec Roberto Alagna, la 40e de Mozart, Un Requiem allemand de Brahms ou Le Barbier de Séville de Rossini…
C’est dans l’alchimie des oeuvres, des artistes et des formes que naissent l’émotion de chaque concert, le plaisir de chaque rencontre de l’orchestre avec son public. Un dernier regard en arrière, le temps de rendre hommage à ceux qui ont créé l’orchestre en 1978 et qui l’ont fait grandir, mûrir : Jean-Pierre Wallez bien sûr, le chef fondateur, mais aussi les musiciens, l’équipe d’encadrement, les élus, les responsables culturels, les programmateurs… Les chefs qui se sont succédé : Armin Jordan, Jean-Jacques Kantorow, John Nelson, et une pensée particulière pour Joseph Swensen qui a accompagné l’orchestre avec talent et générosité ces trois dernières années. Sans oublier le public, des fidèles de la première heure aux auditeurs de passage, rencontrés sous les ors du théâtre des
Champs-Élysées comme au coeur des quartiers parisiens où l’orchestre s’est installé en résidence. C’est pour eux que l’Orchestre de chambre de Paris existe.
C’est pour eux que la musique résonne. Que cette musique soit pour chacun, tout au long de la saison, l’occasion de belles émotions partagées.